En 2003, la Belgique décidait, au terme d’un long débat, de fermer définitivement ses centrales nucléaires après 40 années de fonctionnement. Cette sortie programmée du nucléaire était annoncée dès 1999 dans la déclaration du gouvernement fédéral « Arc-en-ciel » à majorité libérale et socialiste, sous l’impulsion de la minorité écologiste. Elle a été adoptée par le parlement début 2003 puis confirmée par la nouvelle majorité « Violette » (uniquement socialiste et libérale) dans la déclaration gouvernementale de juin 2003.

Au-delà de la méfiance de la population à l’égard de cette source d’énergie, plusieurs éléments ont motivé la décision du gouvernement Arc-en-ciel : peut-on continuer à accumuler des déchets nucléaires pour lesquels on ne trouve pas de solution, et reporter leur gestion sur les générations futures ? Quelles seront les conséquences (économiques, environnementales, sanitaires, etc.) d’un accident grave, aussi improbable fut-il ? Le lien historique entre nucléaire civil et militaire peut-il se satisfaire d’une prolifération nucléaire aux quatre coins du monde ? Est-il raisonnable que notre parc de production d’électricité repose sur une source d’énergie dont les réserves mondiales sont limitées ? En ces temps de terrorisme, les centrales et les installations de stockage de déchets ne constituent-elles pas des cibles privilégiées ? Au terme de longues discussions parlementaires, le gouvernement fédéral a donc jugé le nucléaire à des fins de production d’électricité « non durable ».

Selon la loi de 2003, qui prévoit donc la fermeture progressive des réacteurs au terme de quatre décennies maximum de fonctionnement (un cas de force majeure peut cependant être invoqué, en particulier si l’approvisionnement en électricité ne peut être garanti, pour modifier la loi par un simple arrêté ministériel), le planning de sortie du nucléaire se présente comme suit :

Réacteur nucléaire

puissance en Megawatt

Date de mise en service industrielle

Année de fermeture

Doel 1

392

15 février 1975

2015

Tihange 1

962

1 octobre 1975

2015

Doel 2

392

1 décembre 1975

2015

Doel 3

1006

1 octobre 1982

2022

Tihange 2

960

1 février 1983

2023

Doel 4

985

1 juillet 1985

2025

Tihange 3

1015

1 septembre 1985

2025


 

On constate que seuls les trois réacteurs les plus anciens, dont deux de faible puissance, seront déconnectés du réseau en 2015. Les fermetures suivantes interviendront entre 2022 et 2025.

Cependant, depuis l’adoption de cette loi, la polémique va bon train : alors que la consommation d’électricité a crû de façon régulière ces dernières années, que la filière nucléaire est présentée comme n’émettant pas de gaz carbonique et que le nucléaire contribue pour moitié à notre approvisionnement en électricité, pourquoi avoir décidé de sortir du nucléaire ? Préfère-t-on la peste climatique au choléra nucléaire ? Le retour à la bougie au nom du développement durable ? Le moins que l’on puisse dire est que ce choix s’avère controversé…


Certains estiment en effet que les développements observés ces dernières années (prise de conscience croissante de la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, hausse des prix pétroliers, conflits gaziers entre la Russie et l’Ukraine, etc.) sont autant d’éléments plaidant en faveur d’un report de la loi de 2003. Car c’est bien à ce niveau-là que se situent les réels enjeux : rares sont ceux qui voient dans le nucléaire une source d’énergie durable dont un développement serait souhaitable. Le nucléaire est davantage considéré en Belgique comme une « nécessité », une technologie dont on ne peut se passer aujourd’hui.

Le but poursuivi par le document que nous vous proposons

http://www.iewonline.be/IMG/pdf/591_3nucleaire_dossier2007_ecran.pdf ,

rédigé par la fédération wallonne des associations de protection de l’environnement, est autant de réfléchir à l’opportunité de la sortie programmée du nucléaire que de fournir des éléments concrets de compréhension et d’analyse des multiples enjeux liés à cette décision.

Ce dossier ne se veut donc ni une « étude », ni un « plan » sur la sortie progressive du nucléaire. Davantage une sorte de tableau des enjeux énergétiques alliant sortie du nucléaire, environnement, sécurité d’approvisionnement et développement durable, le tout dans le contexte de la libéralisation des marchés de l’électricité. Ce document a donc pour objet de présenter les nombreux arguments conduisant Inter-Environnement Wallonie à se prononcer en faveur du maintien de la loi sur la sortie du nucléaire.

Au travers d’une compilation de données existantes, IEW veut miser sur une meilleure diffusion de l’information afin que chacun puisse contribuer au débat et à la mise en oeuvre d’une décision gouvernementale qui ne touche pas seulement l’avenir d’une technologie de pointe mais aussi le futur énergétique de la Belgique en général.

La particularité de ce dossier « Sortie du nucléaire, une chance à saisir ! » est de se concentrer sur l’aspect énergétique de la question. Les problématiques connues du nucléaire, liées à l’ensemble de la filière (impacts sur l’environnement, production de déchets radioactifs, risques d’accidents, prolifération et terrorisme, …) ne sont que très brièvement abordées en annexes. Au lecteur désireux d’en savoir plus à ce sujet de se tourner vers les nombreuses publications existantes.

Dans le document, sont abordés les thèmes suivants :

Dans quel contexte énergétique se situe cette décision ? (chapitre 2)

Quels sont les enjeux liés à l’énergie ? (chapitre 3)

Le nucléaire permet-il de répondre à ces enjeux ? (chapitre 4)

Peut-on s’en passer, chez nous, en Belgique ? (chapitre 5)

En conclusion, la sortie du nucléaire : une réelle opportunité !

En annexe : la filière nucléaire, qu’est-ce que c’est au juste ?

Bonne lecture !

http://www.iewonline.be/IMG/pdf/591_3nucleaire_dossier2007_ecran.pdf