La crise financière qui secoue ces temps-ci les pays dits développés présente une ressemblance flagrante avec la crise climatique qui couve et frappera demain la Planète tout entière : dans un cas comme dans l’autre, le mal aura pu poursuivre sa paisible gestation dans les entrailles d’une société refusant de voir les signes avant-coureurs des cataclysmes nourris en son sein. Soyons objectifs : seule une grande naïveté ou une insolente mauvaise foi peut conduire à s’étonner de la débandade boursière survenue ces derniers mois. Il n’était en effet nul besoin d’être titulaire d’un doctorat en économie pour comprendre que la spéculation financière à l’œuvre depuis des années échappait à toute rationalité et déconnectait le marché des capitaux de l’économie réelle. Il ne s’agissait plus de financer l’activité pour en récolter à terme les dividendes mais bien d’engranger au plus vite des plus-values optimales en achetant et vendant des titres comme on joue au bonneteau. Cette course au gros lot avait déjà causé, au tournant des années 2000, la chute du NASDAQ, l’indice des valeurs technologiques gonflé comme une baudruche par l’explosion d’Internet et de ses dérivés avant d’exploser et de retomber dans la réalité du marché. Eh oui, avant la bulle financière, il y avait eu la bulle technologique. Même cause – des valeurs dont le cours montent non en raison de leur valeur réelle mais des espoirs de jack-pot que l’on place en elles – et même effet – une chute aussi irrationnelle que la hausse sitôt que le doute vient miner ces espoirs. Experts et analystes avaient maintes fois tiré la sonnette d’alarme, un premier accident avait démontré les failles du système, en vain.
Il en va de même pour la crise climatique. Il faut être grandement naïf ou d’une mauvaise foi crasse pour croire que les outrages que nous infligeons à la Planète resteront impunis. Un minimum de bon sens suffit pour se rendre compte que nos modes de production et de consommation sont incompatibles avec notre environnement, ses limites et ses contraintes. Nous vivons à crédit en voulant ignorer que, tôt ou tard, il nous faudra régler la note majorée d’intérêts à la hauteur de nos folies. Depuis des décennies, les pionniers de l’écologie préviennent du danger. La communauté scientifique s’est penchée sur le problème, a acté sa réalité, averti de la menace et appelé à l’action. Des experts ont analysé les conséquences potentielles de cette crise en termes environnementaux mais aussi sociaux, économiques et humanitaires. Les premiers dérèglements se font d’ores et déjà sentir et certaines régions du globe leur paient le prix fort. Tout pousse à agir vite et fort. En vain.
Face aux crises, la cécité fait loi…
Pour la crise financière, la facture se chiffra en milliards d’Euros d’aides publiques, en dizaines de milliers d’emplois perdus, en remise en cause (passagère, n’en doutons pas…) du modèle économique. Avec la crise climatique, malheureusement, le décompte risque de mettre une hypothèque sur le devenir de la Planète et de ses occupants.
Pierre Titeux Interenvironnement wallonnie
3 février 2009