1. Novembre 2013
Article original :http://www.eurojournal.net/2013/11/01/mauvaise-nouvelle-pour-edf/
Le Commissaire Européen Günther Oettinger dévoile le vrai coût du nucléaire. Pas beau…
Foto: Jacques Grießmayer / Wiki Commons
(KL) – Enfin – le Commissaire Européen responsable de l’énergie, l’Allemand Günther Oettinger, vient d’apprendre aux Européens le coût réel du nucléaire. Qui dépasse de loin, de très loin ce qu’on nous dit depuis des années. Et – Oettinger a un plan qui risque de coûter cher à EdF : il veut que les centrales nucléaires dans l’UE soient assurées de manière plus réaliste. Ce qui ne sera pas donné…
La catastrophe nucléaire de Fukushima coûtera, selon des estimations, environ 187 milliards d’euros. 187 milliards ! Considérant que les centrales françaises sont assurées jusqu’à une hauteur de 90 millions d’euros, on comprend qu’en cas d’accident, ces sommes suffiront au mieux à payer les boissons pour les équipes de sauvetage. Par conséquent, Oettinger veut imposer aux groupes énergétiques en Europe, des assurances allant «à un milliard ou plus». Interpellé sur le fait qu’un milliard ne suffit pas pour couvrir ne serait-ce qu’un pauvre pourcent des dommages causés par un tel accident, le commissaire a expliqué qu’il préférait un progrès «réaliste» à l’inertie.
Le nucléaire, crédo d’état de la République Française, est depuis toujours présenté comme la source d’énergie la plus économique. Pourtant, le nucléaire en Europe a obtenu en 2011, 35 milliards d’euros de subventions – les énergies renouvelables, toujours présentées comme trop chères, n’avaient obtenu «que» 30 milliards pendant cette même année. De plus, dans le calcul du nucléaire peu cher, on «omet» systématiquement de prendre en compte le coût du stockage des déchets nucléaires pendant environ 25.000 ans – coût que les groupes énergétiques n’assumeront pas. Il suffit de regarder les chiffres pour se rendre compte que le nucléaire n’est non seulement la source d’énergie la moins maîtrisée par l’homme, mais tout compte fait, aussi la source la plus onéreuse. Seuls, des groupes comme EdF, RWE ou Vattenfall se remplissent les poches avec cette technologie – en cas de problème, il ne payeront rien du tout (sauf les 90 millions d’euros de l’assurance…).
187 milliards d’euros de dégâts à Fukushima, dans une région relativement peu peuplée – un accident dans un centrale aussi vétuste que Fessenheim en Alsace pourrait engendrer des dommages encore supérieurs à Fukushima. Les environ 2 milliards d’euros d’assurance des centrales allemandes ne suffiraient pas non plus et il faut être conscient que ce sont les citoyens et citoyennes qui portent l’intégralité du risque du parc nucléaire en France. Mais ça, on ne veut pas l’entendre en France. Tant que EdF affichent des bénéfices énormes, tant que EdF paye 2 milliards d’euros dans les caisses de l’état tous les ans, le nucléaire semble intouchable. Tout en faisant croire aux Français que le nucléaire soit «pas cher»… le jour où l’une des centrales françaises vivra un accident comparable à Fukushima, Tchernobyl ou Harrisburg, le réveil sera dur pour les Français. A moins que les forces de la nature aient la politesse de se soumettre au verdict de la Cour de Nancy qui avait décrété qu’un accident comme à Fukushima ne pouvait pas avoir lieu à Fessenheim (en ignorant le fait que le Rhin Supérieur soit une région à activité séïsmique et qu’une inondation comparable à ce que l’Allemagne a vécu cette année au niveau de l’Elbe pourrait déclencher une catastrophe à Fessenheim)…
Le projet de Günther Oettinger mérite attention. Car pour la première fois, un haut responsable européen a le courage de dire la vérité sur le vrai coût du nucléaire. Si EdF sera obligée par l’UE d’augmenter ses assurances pour 58 centrales de 90 millions d’euros à un minimum de 1 milliard d’euros, les Français comprendront vite que le nucléaire n’est pas seulement dangereux, mais extrêmement cher. Il suffira alors de regarder sa facture EdF…