Le vélo dynamise l’économie
On sait depuis un moment déjà que rendre les villes accueillantes aux vélos contribue à la qualité de vie dans ces mêmes villes, à l’amélioration de la santé publique, voire à réduire les congestions. Depuis tout aussi longtemps, les cyclistes au quotidien en appellent à l’évaluation des autres bénéfices des modes actifs par les acteurs territoriaux, afin d’en stimuler encore davantage le développement. Quelle bonne surprise de découvrir ce rapport londonien – The british cycling economy – sur les bénéfices économiques du développement du vélo en milieu urbain !
Commis au mois d’août par la London School of Economics, le rapport commence par introduire les facteurs qui ont contribué à l’augmentation de la pratique du vélo dans la capitale britannique. Le développement du réseau de pistes cyclables – qui atteint désormais plus de 19 000 kilomètres – est mentionné, au même titre que l’organisation d’événements locaux et nationaux encourageant l’usage du deux-roues, la prise de conscience des défis environnementaux, ou encore des problèmes de santé physique dus à un manque d’activité. Selon l’auteur du rapport, rien que pour l’année 2010, cette pratique de plus en plus significative a rapporté au total à l’économie britannique plus de 3,3 milliards d’euros.
Les gains concernent les catégories suivantes :
plus d’1,8 milliards d’euros sont générés par la vente de vélos ;
environ 989 millions d’euros proviennent de la vente d’accessoires et de la maintenance des deux-roues ;
plus de 570 millions d’euros en salaires et 115 millions d’euros en taxes appliquées aux quelque 23000 personnes impliquées dans des services liées à cette économie (vente, distribution, maintenance) ;
enfin, l’auteur estime que les bénéfices de cette pratique sur la santé évitent 148 millions de frais liés à l’absentéisme.
Au-delà de cette évaluation, l’intérêt du rapport réside dans la tentative de projection que fait le docteur Alexander Grous. La croissance de l’économie du cycle pourrait signifier 2,3 milliards d’économie supplémentaires en dix ans grâce à la réduction de l’absentéisme. En effet, selon une étude empirique, les cyclistes réguliers prennent en moyenne 7,4 jours de congés maladie par an comparés aux 8,7 jours pris par les autres. Autres économies : une augmentation de 20% de la pratique du vélo d’ici 2015 permettrait de réduire les coûts associés aux congestions et pollution de respectivement 240 et 82 millions d’euros. Pour conclure, le rapport indique que la demande latente autour du cyclisme offre encore des gains potentiels d’une valeur estimée à environ 598 millions d’euros.
Ces opportunités ne peuvent néanmoins cacher les barrières à l’émergence d’une culture cycliste – ou devrait-on dire de la « cyclabilité » – ? Les questions de sécurité, de confiance dans le réseau cyclable, de temps disponible, sont cités comme des freins. Par ailleurs, bien que 80% des enfants britanniques possèdent un vélo, on observe un doublement du nombre d’enfants qui sont conduits à l’école en voiture. Enfin, alors même que ces scénarios requièrent un véritable engagement du gouvernement, la part du PIB investie dans le développement des infrastructures liées au vélo est significativement plus faible que celle de nombreux pays.
Caroline de Francqueville
Article publié sur le site de Groupe Chronos, agence d’études et de prospective spécialisée dans les questions de mobilité.
Cette nouvelle est tirée de la Newsletter 87 du GRACQ