Nous ne résistons pas au plaisir de publier des extraits de l’interpellation au Conseil Provincial de notre conseiller provincial, Eric Jadot ; Il épingle joyeusement les incohérences et les approximations du CDH dans le dossier de la liaison autoroutière CHB.
« ECOLO n’est plus là, avanti la musica ! »
C’est en ces termes que s’exprimait Michel Daerden sur ce dossier en 2004, juste après les élections
régionales. On allait voir ce que l’on allait voir, les pelleteuses étaient quasi prêtes à se mettre au travail et pour se donner toutes les chances de succès et d’efficacité, le gouvernement wallon confiait le dossier à deux ministres CDH.
En octobre 2008, je peux vous dire non sans une certaine pointe d’ironie, qu’ECOLO n’aurait pas fait mieux que l’actuel gouvernement dans la gestion de ce dossier qui n’a pas avancé d’un iota.
Soyons clairs, si nous nous réjouissons de ce statu-quo, ce n’est pas pour le plaisir de « bloquer » un projet de la majorité. Mais bien parce que nous croyons fondamentalement que ce type de projet appartient au passé. Il a d’ailleurs été pensé, ce n’est pas un hasard, il y a plus de trente ans ! Nous pensons qu’il est temps aujourd’hui de dépasser le « tout à la voiture ». Dans la crise environnementale et climatique comme dans la crise financière,nous pensons que ce n’est pas en appliquant de vieilles recettes, en faisant « encore plus de la même chose »,que nous allons solutionner une problématique globale.
Alors me direz-vous, il y a l’argument d’autorité contenu dans le texte de la résolution : « Le gain économique et environnemental ne sera pas négligeable » Passons sur la rigueur scientifique de la formulation : « pas négligeable ». Mais si effectivement il est clair dans vos esprits que le gain ne sera « pas négligeable», j’ai quand même envie de demander à l’auteur de la proposition de me donner des références scientifiques, les noms des experts qui confirment ses dire et lui permettent d’énoncer une telle affirmation. Et comme je vous demande vos sources, je vais vous donner les miennes : Pierre Ozer, géographe à l’ULG Jacques Teller, expert en urbanisme de l’ULG Et pour en citer un troisième, je prendrai peut-être celui que vous connaissez le moins car il n’est pas liégeois : Jean-Pascal Van Ypersele, professeur de climatologie à l’UCL, membre du bureau du GIEC, et qui a accessoirement reçu le prix Nobel avec Al Gore. Autant de scientifiques qui seront heureux d’entendre les conclusions des travaux CDH en la matière et de les confronter à leurs propres théories. Ces trois scientifiques ont en effet signé il n’y a pas si longtemps une carte blanche pour manifester leur opposition au projet CHB. Le titre de cette carte blanche se suffit à lui-même : « Liaison autoroutière CHB : la Wallonie s’empêtre dans des choix
dépassés »… Passons à une autre source d’information : l’étude d’incidence réalisée en vue de l’octroi du permis, dont j’imagine que vous avez tous et toutes pris connaissance. J’en citerai trois passages très brefs :
« 7 grands sites de grand et de très grand intérêt biologique seront partiellement ou totalement détruits » (p. 278 de l’étude)
« Si CHB se fait, il faudra craindre une accentuation de la péri-urbanisation » (p.898)
« CHB ne va pas entraîner d’amélioration de la mobilité au niveau de la liaison sous Cointe et de la traversée de la ville de Liège. CHB ne résoudra pas non plus le problème de l’accès à l’Est de la région liégeoise ni celle de la traversée de Fléron. Il semble plus juste de parler de statu quo : sans mesures dissuasives, le trafic de transit perdurera. »
Dernier argument que je ne peux passer sous silence : le prix de ces quelques 14 km de tarmac : 400 millions d’€ soit à peu près le tiers du montant alloué au Plan Marshall. Celui-là même sensé relancer l’ensemble de l’économie wallonne… et dont on sait qu’il aura bien besoin de quelque bois de rallonge dans le contexte de la crise économique qui s’annonce.
Un dernier mot sur le « facteur H ». Graham Greene parlait dans un roman du « Putain de facteur humain ». Pour rester courtois, j’évoquerai quant à moi le « surprenant facteur humaniste ». La proposition de ce jour émane donc du CDH, ce même parti qui avait déposé une proposition de résolution en avril dernier sur le thème des « grands enjeux de mobilité ». Ce texte évoquait CHB avant d’être amendé par le CDH lui-même pour se limiter à parler du transport en commun structurant. Aujourd’hui en octobre, le CDH, jamais à court d’idées nouvelles, remet le couvert et vous demande de mettre une pression maximale sur les ministres CDH du gouvernement wallon, en charge du dossier. C’est original, cela ne manque pas d’intérêt. Le CDH est donc bien décidé. Et ce n’est pas Jean-Pierre Grafé qui me démentira, lui qui le 26 avril dernier déclarait dans la presse : « Nous avons promis à Elio Di Rupo de respecter l’accord de 2004 sur Mons 2015 en lui demandant de respecter l’accord sur la réalisation autoroutière CHB ». Marchandage certes peu glorieux, mais en politique, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ? Pour certains peut-être.
Voilà, procédons au vote sur cette proposition. Un vote qui je l’espère et je le crois n’aura aucune prise sur le positionnement de l’Europe dans ce dossier, Europe dont on attend toujours les dernières conclusions tant sur les aspects « SOFICO » que sur l’étude environnementale. En tout état de cause, je reconnais que les partisans de CHB ont effectivement tout intérêt à se presser dans ce dossier, car allez savoir si d’ici quelques mois, ces satanés écologistes n’auront pas à nouveau voix au chapitre wallon. Et ce, de manière on ne peut plus démocratique.